par Sara Tarmino » Dim 31 Aoû 2014 03:11
Bonjour,
Ce message sera long, très long.. Je vous prie d'y aller jusqu'au bout. Mon problème est différent de tous ceux que vous avez rencontré sur ce forum.
Je suis une adolescente de 16 ans. Je vous écris sur ce forum aujourd'hui car je n'ai pas trouvé d'autres solutions.
J'ai un énorme problème qui a bouleversé ma vie: j'ai vécu la guerre.
Je suis complètement perdue et dans mon cerveau c'est le bazar. C'est pour ça que je vais évoquer plusieurs problèmes dans le même message.
Tout d'abord, je vais vous raconter mon histoire pour que vous ayez une idée de mon statut, puis je vais vous poser quelques questions.
Je suis d'origine libyenne (la Libye). Je suis née en Belgique, j'y ai vécu 7 ans, puis j'ai déménagé pour m'installer à Tripoli en Libye parce que ma mère ne supoortais plus vivre loin de sa famille. Mon père est un professeur de MBA à l'université et il est également un politicien et journaliste. Ma mère a sa propre maison d'édition et elle travaille également dans la production d'émissions télévisées. En Belgique nous vivions la belle vie magnifique. Quand on a déménagé en Libye, ma mère a construit une maison et nous y avons vécu pendant 6 ans la belle vie également. Mes parents travaillaient, nous étions en très bon état financier, grande maison et trois voitures sans souci. Nous voyageons tous les étés dans le monde entier. La vie à Tripoli m'a permi également de me rapprocher de ma famille maternelle qui est nombreuse, notamment de mes cousines qui avaient mon âge. C'étaient mes meilleures amies.
Ma mère était du genre à être souvent très occupée donc de temps en temps quand je commençais à grandir et que je voulais passer du temps avec elle je devais la prévenir des jours à l'avance. J'étais assez proche d'elle car je n'ai pas de soeur. C'est avec elle que je parlais de mes soucis. Mais comme elle n'était pas présente assez souvent, je me suis inconsciemment rapprochée de notre bonne qui travaille à la maison. En Libye, la femme de ménage nettoie la maison, range et prépare le dîner également et elle oeut avec un contrat habuter chez les propriétaires si ces derniers le souhaitent. C'était notre cas, elle avait sa propre chambre loin des nôtres, avec sa propre salle de bain et sa télé. Bref. Cette femme était le seul sexe féminin à part Ma mère à la maison, donc quand elle fait à manger ou qu'elle termine de ranger je restais avec elle et on regardais notre série préférée et on discute. Mon premier coup de coeur, mes premières règles, mes chagrins ont été partagés avec la bonne car ma mère était absente. Bref.
Je suivais un enseignement dans un établissement français et privé avec me frères. J'ai deux grands frères.
Je pratiquais de la danse orientale et je faisais des sorties avec la famille ou avec les amies de temps en temps. J'avais de très bonnes notes et je n'avais aucun souci dans ma vie. Mes problèmes étaient banals: dispute avec ma cousine, amoureuse sans déclaration ou dispute avec mes amies. À part cela, je n'ai jamais eu de problèmes particuliers ou énormes, tout me paraît banal.
Les années passent, et l'année 2011 ouvre ses portes. Le lendemain de la fête du nouvel an, ma mère et moi on regardaient les infos à la télé. La révolution a éclaté en Tunisie. Ma mère était préoccupée et pendant plusieurs jours elle ne faisait que suivre l'actualité. Quelques semaines après, les rumeurs commencent à apparaître sur le fait qu'une révolution politique risque d'éclater en Libye. Personne n'y croyait. Pour nous c'était une blague! Ce pays où les crédits sont donnés sans frais, et à payer sous 30 ans, où les voitures et 'appartements étaient accessibles à tous, mêmes au pauvres, ce pays où les facilités de la vie étaient énormes! Ce pays où l'argent était jeté partout. Ce pays qui nage dans le pétrole. Ce pays et ces gens si chaleureux. Ce pays tellement sécurisé que l'on pouvait laisser notr voiture aux portes ouvertes et descendre au supermarché sans se soucier! Ce pays où les gens s'accueillent chaleureusement et s'entraident avec plaisir! IMPOSSIBLE que ce oeuple se révolte, il vit au paradis! Tellement impossible que PERSONNE n'avait émis la possibilité qu'une telle chose arrive.
Mais hélas. Le jeudi 17 février 2011, le matin alors que mes frères et moi nous nous préparons pour aller à l'école et que le chauffeur nous attendait en bas, l'école nous passe un coup de fil et nous demande de ne pas venir car il y a quelques agressions dans les rues, donc l'école ferme pendant deux semaines histoire que les choses se calment. Je n'avais rien compris quand mes frères m'ont prévenu et je n'ai pas cherché.
Jour après jours, les agressions se multiplient dans les rues, les médias diffusent toutes les infos et nous suivont, dans l'est de la Libye c'était la cata, les armes étaient sorties par les révoltes etc. Je n'en croyais ni mes yeux, ni mes oreilles. Toute la famille se parle au téléphone et nous étions tous persuadés que ces problèmes cesseront dans quelques temps. Mais les choses n'ont fait qu'empirer.,. Et le pays devenait de plus en plus dangereux chaque jour. À Tripoli il n'y avait pas de tirs. Juste les magasins ont fermé, YouTube a été arrêté etc. Fini la vie sociale. J'écrivais mon journal chaque jour... L'école n'a plus jamais ouvert et c'était malheureusement le seul établissement français de la capitale. L'OTAN a signé la décision de bombarder Tripoli et là a commencé la peur. À chaque bombardement la maison tremblait, je courais viiiiite je sautais les escaliers et je criais "MAMAAAAAAAAAAAN J'AI PEUR" et je sautais dans les bras de ma mère. Les bras de ma mère étaient mon refuge. Je tremblais de la tête aux pieds, et aussitôt mon père et mes frères se joignent à nous et nous nous installions tous dans la même chambre ensemble, nous qui avions l'habitude d'habiter dans la même villa et de ne jamais même se croiser.
Et cette terreur était au rendez-vous tous les soirs. Je ne pouvais pas rester loin de ma mère et quand elle sortait en journée je priais et je l'appelait pour qu'elle revienne le plus tôt possible.
Nous sommes en mars 2011, un mois après le début de la guerre. Un jour, mes parents ont décidé de nous envoyer mes frères et moi en Tunisie pour terminer le reste de l'année scolaire là-bas dans un établissement français. Seulement l'aéroport de Tripoli était fermé nous y sommes allé mon père, mes deux frère et moi en voiture... Ma mère ne voulait pas quitter Tripoli car elle devait ranger la maison pour notre départ definitf qui aura lieu bien sûr direction Belgique, vu qu'on y a vécu et on connaît.
J'ai passé trois mois très durs à Tunis, loin de ma mère, dans un monde masculin à la maison. Malgré que mon père me gatait et que son amie s'occupait de moi, ma mère me manquait horriblement. Première séparation.
Juin 2011, je termine mon année de 5ème, me sépare péniblement de mes amis tunisiens, en larmes, et je rentre à Tripoli. Les gens là-bas commençaient à sortir, les commerces étaient ouverts comme si tout était normal. Les bombardements avaient lieu uniquement le soir.
Contente de retrouver ma mère, je commence à m'habituer à cette guerre à moitié calme. Juillet passe, ça va. Hormis certains bombardements très forts.
Août 2011. En plein ramadan, les bombardements deviennent innombrables, on ne peut plus les compter, ils se multiplient et deviennent de plus en plus forts et se rapprochent de la maison. Je sentais la mort près de moi...
20 août 2011: la catastrophe, les révoltes rentrent à Tripoli et s'emparent de la ville. Et là, la vraie terreur a commencé... On ne pouvait plus ouvrir les fenêtres à force d'entendre des bombardements, des tirs, des roquettes. Les armes étaient présentes à la maison. Mes grands cousins débarquent et déposent leur armes aussi, je voyais tout devant moi, armes, bombes, couteaux, fusils... Jusqu'au jour où un des révoltes à débarque dans notre maison, il défonce la porte, attrape mon cousin devant moi et me demande d'arrêter de crier sinon il l'égorge. Je criais fort "MAMAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN, PAPAAAAAAAAAA" et je tremblais tellement que je pouvais plus bouger, j'étais par terre. Et à ce moment là, ce criminel armé a égorgé mon cousin devant mes yeux, avec une scie. Je me suis évanouie. Ce fut la scène la plus horrible à laquelle je puisse assister... Au moment où mes parents sont descendus, mon cousin était par terre, couvert de sang et nous étions tellement sous le choc que personne n'a vu ce criminel s'enfuir. Le reste de la famille a entendu mes cris de l'extérieur donc ils arrivaient un après un et ouvraient la grande bouche et les grands yeux. Entre ma tante qui se tapait sur la tête et hurlait par terre à côté de son fils, mon père qui cherchait le téléphone pour appeler l'ambulance, ma mère qui était par terre la bouche grande ouverte et qui temblait de partout et le sang de mon cousin qui a couvert toute l'entrée. On voyait les organes dans sa gorge. Mes cousines ne cessaient de crier. Mon frère qui essayait de me réveiller et a fini par me verser de l'eau. Cette scène était indescriptible. À ce jour, je ne trouve pas de mots pour décrire une telle horreur que j'aie vécue. Et cette scène m'a traumatisé tout le reste de ma vie.
Sans continuer dans les détails, les jours suivants étaient encore plus affreux.
Après plusieurs semaines de pure terreur et sans sommeil, avec coupures d'eau et d'électricité et une chaleur étouffante en plein ramadan, nous avons décidé de partir. Définitivement.
Le 5 septembre 2011 après que la guerre soit finie et que les révoltes aient pris la ville, nous sommes parti en Tunisie dans des conditions de voyages horribles. Puis de là-bas nous sommes parti en Belgique en avion. Mon grand frère bachelier est allé directement dans son université en France tout seul. Ma famille maternelle s'est installée en Égypte. Parmi eux Ma cousine, soeur de coeur que je n'oublierai jamais. Ils vont bien et vivent la belle vie là-bas.
Mes parents pensaient que la Belgique c'était le meilleur endroit pour s'installer vu que l'on connaissait assez bien après y avoir vécu pendant 7 ans. Mais ils se sont trompé, nous avons déménagé trois fois en 2 mois dans Bruxelles pour trouver une maison qui nous convient, et j'ai été inscrite dans la pire école de la ville, inconsciemment.
Après une longue année de problèmes, catastrophes familiales, gros soucis, énormes disputes, pression, haine, difficultés horribles et traumatisme, les belges ont refusé notre demande d'asil.
Été 2012, nous déménageons en France.
Vitry pour commencer, puis un mois plus tard, Thiais, dans le Val de Marne en région parisienne. Nous avons donc rejoins mon frère bachelier qui avait d'ailleurs raté son année. En revanche, mon autre frère qui était en terminale est resté en Belgique pour ne pas être perturbé. Mes aorents payaient donc deux loyers, sans poste fixe évidemment ils ne travaillent plus depuis 1 an.
Et là je vais dans un nouveau collège, rencontre de nouveaux amis après une séparation douloureuse avec mon ex copain belge. Je retrouve même à Paris des amis de la Libye. Bref
10 mois plus tard nous recevons notre carte séjour. Le bonheur total pour toute la famille. Mes parents ne demandaient rien de plus. Même s'il restait à trouver le travail etc. J'ai eu mon brevet mention assez bien. 14 de moyenne.
Été 2013, je passe en seconde, je vais donc au lycée et ce fut une de mes plus belles années scolaires. C'était une année magnifique niveau ambiance mais mes notes étaient moyennes ou mauvaises. Juin 2014: Je passe péniblement en 1ère ES. Ma mère voulait que je prenne la filière S absolument, mais les profs ont refusé. Elle n'était pas au courant de leur décision. Je ne lui ai rien dit. Mes notes en matières scientifiques ne me permettaient pas de passer en S.
La seconde était une année où j'ai beaucoup menti à ma mère pour m'amuser et j'ai beaucoup pleuré aussi. J'avais une grosse pression de la famille, des amis etc. Ma gentillesse m'a détruit, je passais mon temps à m'occuper à regler les soucis de mes amis et à chatter avec ux sur Facebook. Rien que pour les avoir autour de moi je leur payais leur déjeuner. Sans oublier bien sûr que j'ai rencontré un garçon dans ma classe, coup de foudre unique et on est sorti ensemble en mars. Nous sommes toujours ensemble.
Le 19 juin 2014 Ma mère part enfin à Tripoli car elle a beaucoup de choses à diriger là-bas et elle rêve d'y rentrer depuis 3 ans.
Aujourd'hui, 30 août 2014, la rentrée est dans 4 jours. J'ai eu maman au téléphone comme chaque soir, et je viens juste de la prévenir de mon orientation en 1ère ES. Elle n'esta absolument pas d'accord, et me dis que je n'aurai aucun avenir avec ce bac ES. Elle veut absolument que je change en S, malgré qu'elle soit au courant de la décision des profs, elle pensent que c'est inutile et qu'elle peut les faire changer d'avis. Mais moi, je ne VEUX PAS aller en S et mes capacités ne me le permettent pas. Rien que la filière ES va me demander d'énormes efforts. Elle me menace du genre "soit tu passés en S soit je t'emmène ici en Libye. Je ne paye pas pour une fille qui veut faire des études d'économies" étant donné de la situation horrible maintenant en Libye elle me menace souvent de m'emmener là-bas.
Et elle me dit même "Tu veux aller en ES pour pouvoir sortir avec tes amies et ne rien foutre comme l'année dernière" alors que j'avais regrettée l'année dernière et je suis déterminée à bienr réussir cette année. Elle a donc appelé mon grand frère et lui a demandé d'aller au lycée. Mais cela ne peut rien changer, mes notes ne me permettent pas d'aller en 1ere S et je ne veux pas y aller. Mais elle me dit que je ne sais pas ce qui est le mieux pour moi donc je dois me taire. Elle me dit que le bac S est la porte ouverte à tout. Donc on n'a pas trouvé de terrain d'entente. Elle a raccroché.
Été 2014: déménagement de Thiais à Villeneuve Le Roi car fin du contrat. Début d'été pénible, entre mes frères collants et mon père nerveux fumeur. Plus ramadan. J'ai eu beaucoup de soucis avec mon père, car lui et moi nous n'avons jamais été proches. Les seuls moments où je lui faisait la bise c'était pendant les événements particuliers ( Aid ou nouvel an etc) sinon 0 affection. 0 communication. Mes frères ? La même chose. Ma mère ne compensait pas autant.
Août 2014 je pars une semaine en vacances avec mes frères. Je rentre et deux jours plus tard mon père décide de rejoindre maman à Tripoli étant au courant des problèmes politiques qui ont redémarré là-bas.
Cela fait donc deux semaines que je vis avec mes frères, je m'occupe donc de la cuisine et on s'entraident pour le ménage. Voilà. Mes questions:
-Comment faire pour raser toute trace de ce traumatisme datant de trois ans maintenant?
-J'ai toujours été très proche de ma famille maternelle, comment être optimiste sur le fait que je vais les revoir un jour?
-Comment obtenir la motivation pour bosser au lycée?
-Je n'ai pas réussi à convaincre maman que je dois rester en 1ère ES. Que faire?
-Ma vie en désordre et mon instabilité a un grand imoact sur ma vie de couple, comment gérer tout ça?
-Comment faire gérer entre mes études et mes sorties?
-Surtouuuuut! Comment faire piur croire en moi même? C'est à dire que moi je me dis toujours "je ne vais jamais y arriver, je suis nulle" et je meurs de tristesse quand je vois mon copain tout réussir dès que le premier coup , que ce soit à la danse, à la musique ou aux études. Je fais de la guitare depuis. 1 an en conservatoire parce que j'adore ka guitare, mais je ne sais toujours pas faire un seul morceau tellement je trouve que tout est dur, je loupe beaucoup de cours car je ne m'entraîne pas assez à la maison et le prof à fini par me virer. A danse est la seule chose que j'ai parfaitement réussi et que j'adore, et que je continue. Comment trouver le courage, la force, et ne jamais abandonner? La confiance en soi?
Je suis dans une situation assez grave, je vous supplie de m'aider, je n'ai aucun autre refuge.
Merci ÉNORMÉMENT d'avoir lu. J'attends votre réponse impatiemment.
Cordialement,
TARMINO Sara.